Revendications des enseignants au Cameroun Bertin Tadjuidje: « Les enseignants doivent politiser leur grève… »
- Bertin Bidja
- il y a 18 heures
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Les critiques de cet enseignant, entrepreneur dans l’éducation, notamment promoteur des cours de préparation aux examens officiels et concours.
Pour ma part, je pense que la grève des enseignants ne va jamais rien donner tant que les grévistes ne sont pas politisés. Politiser ici veut dire être syndicalisé, pour vraiment exercer les droits et les devoirs qui reviennent à un syndicat. D’abord, il faut faire la différence entre ma posture d’enseignant du privé et les enseignants du public. Ceux qui grèvent sont les enseignants fonctionnaires. Les enseignants du privé ne grèvent pas ou alors les enseignants fonctionnaires qui enseignent au privé ne grèvent pas. Parce que le problème ne se pose pas de la même manière au privé comme au public. Ceux du public réclament, même pas un réaménagement de leurs conditions de travail, c’est-à-dire l’augmentation de leurs salaires, ils réclament en fait qu’on puisse leurs donner ce que les textes prévoient qu’on leur donne.
Maintenant, la période choisie pour grever pour moi est inutile. On ne peut pas grever à un moment où il n’y a même plus les classes. Moi qui fait dans les cours de préparation aux examens, les enfants me demandent actuellement de commencer les cours à 8h ou 9h, par ce que selon eux, ils ne voient pertinemment plus l’utilitéd’aller encore à l’école. Mais ce n’est pas parce qu’il y a grève, mais par ce que généralement au 3ème trimestre on est plus concentré à faire le dernier examen blanc, pour faire l’épreuve zéro, pour faire le sport de l’examen, voilà à quoi est consacré désormais le 3ème trimestre d’après le découpage existant.
Si ces enseignants veulent effectivement que leur grève puisse porter les fruits, c’est même le moment. Nous sommes à quelques mois d’une échéance présidentielle et laissez-moi vous dire que les conditions des enseignants ne peuvent pas se résoudre au ministère comme ils croient, non ! Il faut un programme politique qui intègre les revendications des enseignants, qui propose clairement comment est-ce qu’on doit résoudre leur problème.
Je fais partie par ailleurs d’un parti politique qu’on appelle le MRC. Comme solution à la résolution des problèmes de dettes, on a dit qu’on peut titrer leur dette. Titrer leur dette veut dire quoi ? On vient voir l’enseignant qui se plaint, on évalue et on déclare sa dette. Une somme de 5 millions F.CFApar exemple. A partir de cette dette déclarée, l’Etat lui délivre une lettre qui montre qu’on lui doit 5 millions F.CFA
On fait comprendre à l’enseignant que comme on te le disait avec la bouche, à la radio ou à la télé que tu seras payé dans 5 ans par exemple ; avec le document délivré, il peut maintenant aller dans une banque, déposer ce titre et avoir un peu d’argent pour vivre et construire sa vie. C’est vrai qu’il peut perdre quelques centimes ou quelques miettes, la banque fonctionne comme ça, mais voilà la solution simple. Si l’Etat est de bonne foi pour résoudre leur problème.
Pour finir, les enseignants, en plus d’être syndicalisés, doivent entrer dans la politique actuellement, par ce que la politique a évité depuis 1992 ce qu’on appelle les états généraux de l’éducation qui est en fait le lieu où on repense, on réorganise l’éducation. Les enseignants se comportent aujourd’hui comme des mendiants, des gens qui veulent juste manger.
Ils n’ont jamais grevé parce que là où ils enseignent, il n’y a pas de routes pour aller dans leur école. Ils n’ont jamais grevé par ce que l’école est en paille. Ils ne grèvent pas là où ça peut impacter réellement, sur la vie des élèves et leur vie à eux-mêmes. Le seul truc qu’on croit c’est qu’ils ont besoin d’argent, d’argent. Je comprends leur grève, mais je pense que la manière qu’ils la mènent, c’est du désordre, c’est inutile.
Propos recueillis par Bertin Bidja
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