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Cosmétiques au romarin

Cameroun : une fête pour valoriser le patrimoine des peuples de la forêt du Sud

Prévu dans la ville d’Ebolowa du 30 juillet au 2 août 2025, le festival Esulan Meyon se veut un grand moment de rassemblement de plusieurs groupes ethniques.

Dans un contexte marqué par la mondialisation galopante, l’effacement progressif des identités locales et les tensions identitaires, le festival Esulan Meyon s’impose comme une initiative salutaire. Porté par la volonté de sauvegarder un héritage plurimillénaire, cet événement inédit ambitionne de faire converger mémoire, modernité et résilience autour du riche patrimoine des peuples de la forêt : Bulu, Fang, Bassa, Bagyeli, Ewondo, Ngoumba, entre autres.

Le choix du nom, Esulan Meyon, qui signifie « rassemblement des peuples » en langue bulu, n’est pas anodin. Il résonne comme un acte de résistance culturelle et un appel à l’unité, dans une époque où tribalisme et xénophobie minent le vivre-ensemble. Pendant quatre jours, Ebolowa, le chef-lieu de la région administrative du Sud, sera le théâtre d’une immersion dans les arts, les traditions, la sagesse et la spiritualité d’un monde ancestral menacé. Les activités seront concentrées au complexe sportif d'Ebolowa.


Le programme, dense et ambitieux, alterne entre cérémonies rituelles, ateliers de transmission intergénérationnelle, conférences, spectacles et activités écotouristiques. La particularité de cette édition inaugurale est d’inscrire la culture dans une dynamique de développement durable. Ainsi, l’artisanat local (souvent réduit au rang de folklore) sera valorisé à travers des formations à l’entrepreneuriat culturel, tandis que les savoirs endogènes (médecine traditionnelle, rites initiatiques, vannerie, sculpture, cuisine…) seront transmis aux jeunes au moyen d’outils modernes. Ce festival se distingue aussi par sa dimension pédagogique. Des débats thématiques questionneront l’avenir des cultures autochtones à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle, dans une volonté manifeste de concilier tradition et innovation.

Les spectacles, eux, mêleront balafon et beats électroniques, slam en langues locales et récits légendaires ; démontrant que l’hybridation peut être un levier de renouveau culturel. Plus qu’un simple événement culturel, le festival Esulan Meyon est un manifeste politique. Il affirme que les cultures des peuples forestiers ne sont ni figées ni résiduelles, mais bien vivantes et porteuses de sens pour le futur. Il dénonce l’invisibilisation des savoirs traditionnels et plaide pour une reconnaissance pleine des acteurs culturels autochtones.


A l’heure où l’humanité cherche des modèles de durabilité, les peuples de la forêt rappellent, à travers ce festival, que préserver les cultures, c’est aussi protéger les écosystèmes et transmettre une vision du monde ancrée dans l’équilibre avec la nature.


Alain Leuwat

 

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