Affaire Mathis: l’amnésie invoquée par le présumé assassin
- Alain Leuwat
- il y a 1 jour
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Interné au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yaoundé après avoir été passé à tabac, Dagobert Nwafo, soupçonné d’avoir mortellement poignardé le jeune de 6ans, affirme n’avoir aucun souvenir des faits.
Depuis le 10 mai 2025, date à laquelle le petit Mathis, 6 ans, a été sauvagement poignardé, les Camerounais sont suspendus à l’évolution d’un dossier judiciaire dont le principal suspect, Dagobert Nwafo, affirme d’ors et déjà avoir perdu la mémoire. « Je ne me souviens de rien. J’étais ivre », aurait-il déclaré aux agents du Centre hospitalier universitaire de Yaoundé, où il est interné. Une ligne de défense qui choque, indigne et interroge. Peut-on oublier un acte aussi grave ? Peut-on effacer deux coups de poignard, dont l’un à la gorge, assénés à un enfant ? A défaut de réponses judiciaires, l’opinion publique s’insurge.
L’homme, identifié comme étant le père de la slameusecamerounaise Lydol, aurait agi suite à une querelle dans un bar avec Paulin, père de la victime. La dispute dégénère, les coups pleuvent. Vexé, M. Nwafo aurait alors proféré des menaces : « je vais te toucher là où ça fait le plus mal. » Il s’exécute peu après, pénétrant dans la maison du voisin, armé d’un couteau. Il poignarde froidement l’enfant, puis tente de s’en prendre à d’autres membres de la famille. Devant la gravité des faits, la thèse de l’amnésie momentanée peine à convaincre.
Et pourtant, elle semble désormais centrale dans la stratégie de défense du mis en cause. Me Michèle Ndoki, avocate au barreau du Cameroun, s’est dite profondément bouleversée par la mort de l’enfant, dénonçant une tentative d’alléger la responsabilité du suspect en invoquant son état d’ivresse. « On fait de cette horreur une affaire politique. Cela dépasse l’entendement », commente-t-elle.
La rumeur d’une possible protection en haut lieu du présumé assassin, véhiculée notamment par des activistes sur les réseaux sociaux, alimente davantage la méfiance. Les langues se délient peu, les témoins se taisent. Selon certaines sources, ceux qui ont tenté de faire justice eux-mêmes en s’en prenant physiquement à Dagobert Nwafo seraient désormais en fuite. La peur s’installe dans le quartier Ngoa-Ekellé.
Pendant ce temps, la mémoire de Mathis hante les esprits. Une vidéo bouleversante le montre, micro à la main, dans son école, mimant les gestes d’un journaliste. C’était son rêve. A 6 ans, il portait déjà les ambitions d’un futur Charles Ndongo. Mais à cause d’une querelle d’adultes, ce rêve s’est éteint. Face au silence pesant et aux incertitudes judiciaires, le Cameroun attend des réponses. Et la justice, aujourd’hui interpellée, devra démontrer qu’elle est encore capable de se hisser au-dessus des suspicions et des privilèges, pour rendre hommage à l’innocence volée du petit Mathis.
Alain Leuwat
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