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RD Congo : le manque de financements internationaux met en péril l’aide humanitaire

Le plan de réponse humanitaire 2025, présenté ce 27 février 2025 à Kinshasa, espérait recueillir 2,54 milliards de dollars. Mais les coupes budgétaires internationales, notamment américaines, risquent de réduire considérablement les fonds disponibles.

La République démocratique du Congo (Rdc) fait face à une crise humanitaire d’une ampleur inédite, mais les financements pour y répondre s’amenuisent dangereusement. Alors que les combats s’intensifient dans l’Est du pays, les organisations humanitaires voient leurs ressources fondre, mettant en péril des millions de vies. La présentation du plan de réponse humanitaire 2025, tenue le 27 février à Kinshasa, illustre l’ampleur du défi : 2,54 milliards de dollars sont nécessaires, mais la communauté internationale peine à suivre.


Les signaux étaient déjà au rouge en 2024, mais la situation s’est encore aggravée cette année. L’année dernière, leshumanitaires avaient pu lever 1,3 milliard de dollars, essentiellement grâce aux États-Unis qui représentaient à eux seuls 70 % des fonds mobilisés. Or, le gel des aides américaines à l’international entraîne une réduction drastique de leur contribution, plongeant l’aide en Rdc dans l’incertitude. « Nous nous trouvons dans une situation très grave », alerte Joakim Vaverka, ambassadeur de Suède en Rdcet représentant des bailleurs de fonds. Pourtant, la crise congolaise reste reléguée au second plan de l’agenda international, éclipsée par d’autres conflits qui mobilisent davantage l’attention et les financements.


Ce désengagement intervient alors même que les besoins explosent. La prise de Goma et de Bukavu par le groupe armé AFC/M23, soutenu par le Rwanda, a bouleversé l’équilibre précaire dans l’Est du pays. Avec la fermeture des banques et des aéroports, le pillage des entrepôts humanitaires et des mouvements massifs de populations, l’aide devient non seulement plus nécessaire, mais aussi plus complexe à déployer.


Des humanitaires au bord du gouffre

Face à cette situation, les Ong sont confrontées à des choix impossibles. « Comment soigner des blessés quand les hôpitaux manquent de tout ? Comment prévenir une catastrophe sanitaire alors que le choléra, la rougeole et le Mpox progressent ? Comment protéger les survivants de violences basées sur le genre alors que les structures d’accueil sont saturées ? », s’interroge Luc Lamprière, directeur du Forum des Ong internationales en Rdc.

La pénurie de financements contraint les humanitaires à revoir leurs priorités. Bruno Lemarquis, coordinateur humanitaire des opérations de l’Onu en Rdc, prévient : « Nous devons nous concentrer sur les plus nécessiteux, notamment les personnes déplacées. Cela implique un travail d’efficacité et d’innovation, mais aussi des choix douloureux. » Le plan de réponse humanitaire, conçu sur la base des évaluations de 2024, pourrait déjà être obsolète. L’afflux massif de déplacés et l’extension du conflit rendent les prévisions caduques, et pourtant, les fonds ne suivent pas.


Une crise humanitaire qui interroge la communauté internationale

Cette crise financière met en lumière une réalité inquiétante : le désintérêt croissant des bailleurs pour la Rdc. Longtemps sous-financée, l’aide humanitaire dans le pays subit de plein fouet les restrictions budgétaires des grandes puissances, en particulier celles des États-Unis. Mais au-delà de la seule question des financements, c’est la résolution du conflit qui demeure la clé. « L’aide humanitaire n’est pas une solution en soi. Ce qu’il faut, c’est un processus de paix durable », insiste Bruno Lemarquis.

En attendant, les humanitaires doivent composer avec des ressources limitées, alors même que les besoins n’ont jamais été aussi urgents. Si la communauté internationale ne se mobilise pas rapidement, c’est une catastrophe humanitaire de grande ampleur qui menace la Rdc, dans un silence coupable.


Alain Leuwat

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