Esther Manuella : révélation éclatante d’une soirée
- Bertin Bidja

- 17 mai
- 2 min de lecture
Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre d'années. Cet adage de Corneille épouse l’éclat de la prestation de cette jeune étoile montante du Théâtre universitaire d’Ebolowa.

Dans une soirée où le talent semblait éclore à chaque apparition, elle partageait la scène avec des comédiennes au répondant remarquable, telles que Darleine Edima Nna, Wendy Mengue et Marie Flore Mengalé Mekoude, dont la maîtrise scénique et l’intensité dramatique ont ajouté une profondeur à chaque tableau présenté. Ce vivier artistique, riche en personnalités et en interprétations nuancées, a donné lieu à une symphonie théâtrale où chaque présence était un maillon essentiel du spectacle.
Mais Esther Manuella, la toute nouvelle recrue a illuminé la scène par son talent brut et sa capacité à captiver l’audience dès ses premiers instants sous les projecteurs. Fidèle aux directives de sa metteuse en scène et autrice, Marie Flore Mengalé Mekoude, également présidente de la troupe, la jeune comédienne a su jongler avec les émotions, alternant entre des sanglots saccadés, de pesants silences, des regards poignants et une gestuelle millimétrée, dans le sketch « Le Refus ». Chaque mouvement, chaque respiration semblait taillée pour frapper les cœurs et arracher les acclamations d’un public conquis par la sincérité de son jeu.

Sa deuxième apparition, dans « Le Beignet », l’a dévoilée sous un tout autre jour : celui d’une commère pétillante, maniant à la perfection les mimiques exagérées, les éclats de rire complices et les expressions faciales ciselées. Chaque réplique, chaque mouvement déclenchait une vague de rires, témoignant de son aisance à basculer d’un registre dramatique à une comédie énergique et haute en couleur.
Et puis, il y a eu « Kankan ». Quelques instants furtifs, mais d’une puissance scénique indéniable. Son entrée est marquée par une démarche chaloupée et une voix volontairement empruntée à un registre occidental, ajoutant une touche d’ironie savoureuse à son personnage. Mais c’est ce geste final qui a conquis la salle : dans un éclat d’agacement magnifiquement calculé, elle se débarrasse de ses talons, projetant à terre ces symboles de prétention avec une spontanéité qui ne pouvait être qu’applaudie.

Une vedette est née. Avec un encadrement solide et des opportunités à la hauteur de son talent, Esther Manuella pourrait gravir bien des échelons et inscrire son nom en lettres d’or dans le monde du théâtre. Un avenir radieux l’attend, à condition
qu’elle continue d’explorer et d’affiner son art.
Gervais Mbourou, membre du Cercle des journalistes culturels du Cameroun










Commentaires