Ebogo Emérent: « La voix d’ange » aux anges pour l’éternité
- Olivier Mbessité
- 28 août
- 3 min de lecture

L’artiste et pionnier du Bikutsi , l'homme de culture a rangé sa guitare le 28 août 2025 à Mfou ( Yaoundé) à l’âge de 73 ans.
L’univers musical est endeuillé. C'est un jeudi noir pour la famille artistique. La « voix d’ange » l’un des virtuoses du rythme bikutsi s’est éteint le 28 août 2025. Il quitte la scène à l’age de 73 ans. Le Cameroun perd ainsi un baobab, une icône, le dernier des mohicans qui servait de guide et d’inspiration à la nouvelle génération. Doté, d’une forte expérience musicale après de nombreux succès Ange Ebogo Emerent était auteur, compositeur et arrangeur. Pour ce qui est de sa discographie,il a enregistré 24 albums. Il débute sa carrière en 1984, son premier album est intitulé « Expérience ».Le titre « Okon Makon » est celui qui retiendra l’attention des mélomanes. Chanson qu'il jouera avec le groupe « Ozima », il s’entoure alors d’excellents instrumentistes à l’instar du regretté Zanzibar, Pierrot Ahenot qui sont à la guitare, la basse de Martin Maah, la batterie d’Ateba Moon ou encore les arrangements de Jean-Marie Ahanda, bref l’essentiel du mythique groupe les «Têtes brulées » est présent. Avec cette équipe, Ange Ebogo Emérent oscillera entre le Bikutsi, mais aussi le makossa. Dans les années 1990, Ange Ebogo Emérent débarque avec le tube à succès « Sogolomon », qui fera fureur dans les hit-parades au Cameroun et à l’international. D’ailleurs il recevra le prix de l’Unesco pour son engagement à la responsabilité parentale. Autrement dit, il sensibilisait les parents à la réduction des naissances. Il enchaine avec plus tard avec le titre « Folo Folo », un vrai régal et pur nectar qui laisse découvrir le talent de l’homme.L’artiste abordait plusieurs thématiques dans ses chansons : il parlait de l’amour, la vie, en un mot l’existence. Bien qu’il ne fût plus actif sur la scène musicale, il a fortement contribué à la découverte des nouvelles figures du Bikutsi. L’on peut citer dans la fourchette les artistes tels : K-Tino, Mbarga Soukous, Tanus Foé, Ama Pierrot, son fils Tonton Ebogo,Josco l’inquiéteur, Majoie Ayi, Odile Ngaska,Dynastie le Tigre, la liste est non loin d’ètre exhaustive. Ceci démontre à suffire le caractère affable de l’homme. Il s’est résolument consacré aux arrangements et à l’émergence de nouveaux talents dans le vrai« bikutsi », dénué de dépravation , et de pervertion. Il était question de la sauvegarde de ce patrimoine qui est en perte de son identité et authenticité. La « Voix d’ange » restait ainsi l’un des derniers monuments de ce ryhme de la forêt équatoriale qui a su le révolutionner et le moderniser au même titre que les légendes tels que Messi Martin et Nkodo Sitony, Aijo Mamadou . Il s’en va ainsi les rejoindre dans la félicité céleste pour l'éternité.

Pluie d'hommages
L’annonce de son decès a plongé les artistes de tout bord dans une profonde consternation. Sur sa page Facebook, son fils Tonton Ebogo laisse transparaitre son chagrin en ces termes « Je perds plus qu’un père, je perds celui qui m’a donné le gout des silences profonds, des mots justes, des rythmes de la vie. Celui dont les silences parlaient plus forts que mille chansons ». Il chute, repose en paix, papa, le fils que je suis te chantera éternellement. Messi Ambroise, qui était l’un des proches du défunt a laconiquement écrit : « Chers frères et sœurs mon frère Ange Ebogo nous a quitté cette nuit. Doux repos vieux d’art et d’ame». K-Tino, la femme du peuple rédige succinctement avec émotion «Eh mon père où vas-tu ? Que Dieu t’accueille dans sa félicité terrestre. Repose en paix patriarche ». Dans la même veine, Tanus Foé déclare : « les artistes s’en vont, mais leurs œuvres restent éternelles. Repose en paix, Ange Ebogo ». Annie Anzouer n’est pas en reste. « Ebogo Emérent comment ne pas te rendre hommage à ma façon ? Tellement j’ai été bercée par tes mélodies pendant des longues années chez mes parents au quartier Anguissa à Yaoundé, merci pour ton héritage va en paix et sincères condoléances à la famille biologique, et artistique ».
Olivier Mbessité
Commentaires