Côte d’ivoire / Théâtre : ‘’Les mères de l’indépendance…’’ fait triompher le talent scénique de la compagnie Djôlocro à l'hôtel Ivoire.
- Bertin Bidja
- il y a 10 heures
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La pièce de théâtre ''les mères de l'indépendance - la marche des femmes sur Grand-Bassam'' de Yann Aka, était en représentation le 17 Août 2025 à l’auguste salle de l'Hôtel Ivoire d'Abidjan par la troupe théâtrale dénommée Djôlocro, le visage du bonheur. Un grand moment de communion et de communication avec le public sur les réalités contemporaines africaines.

Du théâtre, mais surtout du message pour situer les mœurs sur une scène pleine de grandeur. Avant la levée de rideau sur les planches, des groupes dont la compagnie Djôlocro, composée uniquement de femmes, ont presté pour annoncer les couleurs du spectacle. Dès l'entame dans l'ombre du danger, Zokou, la femme-mâle, leader du groupe, se racle la gorge comme on crache une arête longtemps restée plantée dans la gorge pour convoquer ses camarades de lutte dans l'arène. Une fois sortie de l'ombre, elle se met sur la pointe des pieds, bombe le buste, et dans un geste qui défie l'adversaire qui essaie de lui faire peur, elle lance un long appel dans une langue propre à sa communauté, comme pour rassembler le peuple autour d'une cause commune.

Cet appel est une révolte. Cette révolte est un cri. Ce cri est chant. Chant de douleur dans la chair. Chant d'espoir dans le cœur. En chœur, les amazones y répondent avec l'esprit du combat. Intrépides guerrières dans l'âme, elles avancent. Tambour battant. Alors commence la danse.

La danse dense des nuits sans lune (coupure de lumière sur la scène), des jours sans répit (rythme effréné). Danse guerrière contre l'antagoniste qui veut les encager au travers du filet qu'il tient. Ce filet, aujourd'hui, pourrait être tout système qui tient à maintenir la femme captive, en citoyenne de seconde zone, loin de ses droits fondamentaux.

Dans cette lutte, quand l'ennemi frappe, crache du feu, les combattantes de Djôlocro reculent, trébuchent, tombent, mais n'abandonnent pas le combat de l'indépendance, comme pour dire que la liberté ne se donne pas, qu'elle s'arrache. Porté par leur leader Zokou, elles dansent, elles chantent. Et ces pieds et ces mains et ces tambours battants qui rythment la marche de ces femmes disent la complainte des nuits de sueur et de sang. Qui n'a pas fait la guerre ne sait pas que le chant et la danse sont des rituels. Chaque claquement des bâtons aux joues du tambour, comme hier le djeli sur le champ de bataille, est un encouragement tel applaudissements sur scène pour ragaillardir les forces éprouvées.

Alors tout Djôlocro, telles des fauves, bondit sur la proie en un rythme saccadé pour en faire une bouchée : l'union, la solidarité et l'abnégation ont raison de l'ennemi. C'est que les lionnes de Djôlocro sont des bêtes de scènes. De vraies. S'ensuit, en toute logique, les réjouissances de victoire. Le public, emballé dans le film chorégraphique, jubile, exulte, exalte, acclame.

Comme son nom l'indique, Djôlocro (le visage du bonheur), a réussi ses missions lors de ce spectacle, celles de représenter le visage rayonnant de notre patrimoine culturel au travers de la musique et de la danse, de promouvoir au-delà du talent, l'audace de la femme, de communiquer le bonheur de la musique sur chaque visage, de faire danser le monde sur le rythme de notre terroir, de dépeindre les réalités contemporaines africaines. Djôlocro, comme s'est assigné ce groupe, a valablement représenté la femme pendant cette activité culturelle de grande envergure.

Il faut mettre du respect sur le nom de Djôlocro. Bravo, omans !
Par Nonpaul OULAI, Écrivain-poète – correspondant depuis la Côte d’Ivoire.
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