Souveraineté Alimentaire en Question : La Production Camerounaise d'Huile de Palme Explose
- wilfriedfrancky
- il y a 2 jours
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Un Bond Trimestriel Éblouissant, mais un Recul Annuel

Le secteur de l'huile de palme brute au Cameroun a connu un démarrage spectaculaire en début d'année 2025. Selon la note de conjoncture économique publiée par le Ministère des Finances, la production nationale a atteint un pic impressionnant de 77 630 tonnes au premier trimestre. Cette performance est directement liée à la pleine saison de la grande campagne de récolte et représente un volume presque triplé par rapport au trimestre précédent.
Cependant, cette embellie trimestrielle ne masque pas des difficultés structurelles. L'analyse révèle un recul de 10,6 % en glissement annuel par rapport au premier trimestre de l'année précédente. Les projections pour l'ensemble de l'année sont également prudentes, tablant sur une baisse globale de 2 % de la production d'ici fin 2025, signalant la persistance de défis au-delà de la saison de pointe.
Le Paradoxe des Importations et du Raffinage
Face à ce déséquilibre, la nécessité de recourir aux marchés extérieurs demeure. Les importations d’huiles brutes ou raffinées ont connu une légère inflexion, affichant un fléchissement de 2 % au premier trimestre. Néanmoins, cette accalmie est probablement temporaire, avec une hausse probable des volumes importés d’ici la fin de l’année pour combler le manque criant sur le marché intérieur.
En parallèle, la production locale d'huiles raffinées a marqué une progression de 7 % en rythme trimestriel. Toutefois, sur une perspective annuelle, le secteur des huiles raffinées accuse un retard de 13 %, illustrant la difficulté à transformer la matière première localement de manière stable. Ce déséquilibre est la conséquence directe d’un déficit structurel monumental.
Un Déficit National Lourd de Plus de 500 000 Tonnes
Malgré les efforts et un volume de production de 446 984 tonnes enregistré en 2024 (chiffre mentionné par le Premier ministre Joseph Dion Ngute), l'offre nationale est loin de satisfaire les besoins croissants du marché. L'Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) estime que le pays fait face à un déficit structurel chronique de plus de 500 000 tonnes par an.
Ce fossé entre l'offre et la demande contraint le Cameroun à dépendre massivement des importations. Entre 2017 et 2023, l'Institut national de la statistique (INS) révèle que le pays a importé 409 000 tonnes d’huile de palme, représentant une sortie de devises considérable de 280,4 milliards de FCFA.
Stratégie de Relance et Espoirs de la Nouvelle Interprofession
L'année 2024 a cependant marqué un tournant politique et stratégique. Les importations d’huile de palme ont connu une chute historique de 56 %, tombant à 68 719 tonnes, le niveau le plus bas depuis 2021. Cette évolution s'explique par deux facteurs majeurs :
Création d'Interpalm-Cam : Lancement de la première interprofession du secteur, visant à mutualiser les efforts des acteurs pour accroître la production, optimiser la qualité, et mieux satisfaire la demande locale.
Plan Triennal (2024-2026) : L'État a mis en place un plan de relance de la filière doté d’une enveloppe de 21,7 milliards de FCFA. Ce plan, piloté par le ministère de l'Agriculture, soutient les principales agro-industries (CDC, Socapalm et Pamol) dans la modernisation de leurs équipements et l'amélioration des rendements agricoles.
Avec une quinzaine d’unités de raffinage opérationnelles ou en cours de construction, le Cameroun affiche son ambition de renforcer sa souveraineté alimentaire. Toutefois, sans une stratégie d'approvisionnement agricole intégrée et pérenne, l'économie nationale restera vulnérable aux fluctuations du marché international et à la dépendance aux importations.










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