Fonction publique camerounaise – Enseignants et forces de défense concentrent plus des deux tiers de la masse salariale
- wilfriedfrancky
- 16 juil.
- 2 min de lecture
Une majorité de la masse salariale accaparée par quatre catégories

Selon les données 2024 du ministère des Finances, quatre catégories de personnel – les enseignants du secondaire, les instituteurs du primaire, les militaires et les gendarmes – concentrent ensemble 67,4 % de la masse salariale totale de la Fonction publique camerounaise.
Les enseignants du secondaire représentent la part la plus importante, avec 33,93 % des salaires de l’État, alors qu’ils constituent 26,34 % des 390 170 agents publics. Les forces de défense (militaires et gendarmes) regroupent 19,32 % des effectifs, mais captent 18,6 % de la masse salariale. Les enseignants du primaire, pour leur part, représentent 15,81 % de l’effectif total et absorbent 14,9 % des salaires.

Dépassement du seuil régional de soutenabilité
Avec une masse salariale équivalant à 38,6 % des recettes fiscales en 2024, le Cameroun dépasse le seuil de soutenabilité de 35 % recommandé par la CEMAC. Ce chiffre marque une progression de 1,6 point par rapport à 2023.
Des économies réalisées, mais des effets limités
Malgré des mesures visant à réduire les dépenses publiques – notamment la baisse des subventions sur les carburants de 700 milliards FCFA en 2022 à 15 milliards FCFA en 2025 – l’impact sur l’investissement public reste limité.
Les dépenses de fonctionnement, la masse salariale, les loyers administratifs, les subventions sociales et le service de la dette continuent d’absorber une grande partie des ressources disponibles.
État des lieux du fichier solde
Le fichier solde a été assaini en partie avec la suppression de 10 000 agents fictifs en 2018, générant environ 30 milliards FCFA d’économies annuelles. Toutefois, ces économies n’ont pas suffi à inverser la tendance générale.
Une pression budgétaire qui s’accentue
En 2024, les charges de personnel s’élèvent à 1 383 milliards FCFA, soit 21,3 % du budget national. Cette pression devrait s’intensifier dans les années à venir en raison de plusieurs facteurs :
Une hausse annuelle des salaires de 5 % en 2023 et 2024 ;
Une revalorisation de l’allocation familiale de 2 800 à 4 500 FCFA par enfant ;
Le paiement partiel de la dette salariale, notamment vis-à-vis des enseignants (164 milliards sur 200 milliards réglés en 2024).
Des dépenses sécuritaires toujours en hausse
À côté de la masse salariale, les dépenses sécuritaires constituent une autre charge importante pour les finances publiques. Le coût des opérations militaires, en particulier dans le cadre de la lutte contre Boko Haram dans l’Extrême-Nord et de la crise anglophone depuis 2016, représente entre 1 et 2 % du PIB selon le FMI.
Des perspectives budgétaires sous contraintes
Le Document de programmation économique et budgétaire 2026-2028 du ministère des Finances souligne la nécessité de maîtriser davantage les charges de personnel. Parmi les pistes évoquées : une limitation significative des recrutements et la poursuite de l’assainissement du fichier solde.
Mais tant que les dépenses rigides prédominent, la capacité de l’État à financer l’investissement public – censé atteindre au moins 30 % du budget selon les standards internationaux – restera limitée.










Commentaires