Douane camerounaise : peut faire mieux que 1 042milliards
- Clément Noumsi
- 30 janv.
- 3 min de lecture
Sa participation au budget national a dépassé les 1 000 milliards depuis deux ans. Malgré les contraintes nationales et internationales, il reste possible de collecter plus. D’où l’objectif de 1 144 milliards F.Cfa fixé en 2025 par le gouvernement.

Il y a de l’argent, beaucoup d’argent, à gagner aux frontières du Cameroun. C’est ce que l’administration des Douanes démontre, en réalisant des recettes toujours plus élevées. Pour les seules recettes affectées directement au budget de l’Etat, la barre des 1 000 milliards F.Cfa par an a été franchie depuis 2023, soit quelque 1 022,6 milliards F.Cfa mobilisés.
En 2024, la performance a été encore meilleure : 1 042,6 milliards F.Cfa. Soit une augmentation de 20 milliards. L’objectif fixé a été atteint à 95,2%. La direction générale des Douanes ne fait encore les 100%, voire plus, comme son homologue des Impôts. Mais il y a de quoi se réjouir chez le directeur général, Edwin Fongod Nuvaga, qui a réitéré sa satisfaction à l’occasion de la Journée internationale de la Douane, célébrée ce 27 janvier 2025 sous le thème fort évocateur : « une douane qui concrétise ses engagements en matière d’efficacité, de sécurité et de prospérité. »
« Je mets en lumière les performances remarquables réaliséesau cours de l’année 2024 malgré un environnement économique mondial particulièrement difficile », a déclaré le patron de la Douane camerounaise. A bien le comprendre, les performances seraient meilleures s’il n’y avait pas tant de contraintes. Au niveau international, les conflits géopolitiqueset les chocs économiques se manifestent souvent par les attaques de navires en mer Rouge. Les voies maritimes s’en trouvent perturbées. Au plan national, les recettes douanières sont impactées par les diverses exonérations accordées par le gouvernement pour soutenir les opérateurs économiques.
Objectifs 2025
Malgré ces contraintes, la Douane camerounaise peut encore faire mieux. C’est pourquoi le gouvernement lui a assigné de réaliser en 2025 un objectif de 1 144 milliards F.Cfa. Pour y arriver, la Douane compte sur l’application de certaines mesures à l’exportation, notamment le taux de droit de sortie applicable aux bois ouvrés taxés à 5 % de la valeur Free On Board (FOB) de l’essence. Il sera aussi question pour l’administration des Douanes de capitaliser les taux applicables aux logiciels importés sur support ou par téléchargement. Ceux-ci, classés à la deuxième catégorie du Tarif extérieur commun, s’élèvent à 10% lorsque ces logiciels sont déclarés spontanément et au double dans le cas contraire.
Présent à la célébration de la Journée internationale de la Douane, le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, a exprimé la priorité du gouvernement, à savoir : faciliter la collecte des recettes douanières au pays pour atteindre 15,6% du budget national en 2025. Le Minfi annonce les mesures d’accompagnement à implémenter : la sécurisation renforcée de la procédure de délivrance des déclarations d’importation ;l’obligation faite aux banques de transmettre mensuellement à l’administration des Douanes ; l’habilitation de l’administration des Douanes à recourir à des moyens techniques appropriées pour appliquer des mesures de lutte contre le blanchiment des fonds aux frontières ainsi que la pénalisation des transferts frauduleux de fonds vers l’étranger au motif d’acquisition des biens qui ne seront finalement jamais importés au Cameroun.
Recette hors-budget
L’administration des Douanes n’a pas seulement contribué au budget national. En 2024, elle a aussi collecté 208,2 milliards F.Cfa de recettes hors-budget. Cette cagnotte est issue de plusieurs rubriques. Les centimes additionnels communaux financent la décentralisation. Les contributions communautaires sont destinées à soutenir le processus d’intégration des institutions comme la Cemac, la Ceeac et l’Union Africaine. La redevance informatique sert à financer la modernisation de la Douane elle-même. La taxe d’inspection sanitaire et vétérinaire est destinée à alimenter les caisses de développement de la pêche maritime et de l’élevage. Les honoraires agréés en douane représentent la rémunération versée aux commissionnaires en douane pour leurs opérations de dédouanement.
Les prélèvements sur les exportations de café et de cacao sont repartis entre les organismes impliqués dans le développement des filières café/cacao (Fodecc, Oncc, Cicc, Sodecao, Capef, Sodewa, Mideno). La contribution scanning est reversée à la Société générale de surveillance (Sgs), sous-traitant de l’Etat du Cameroun pour une part de l’activité douanière. Les frais e-Force sont alloués au Guichet unique des opérations du commerce extérieur (Guce). Les frais de manutention sont mobilisés pour le compte des compagnies maritimes. Enfin il y a le droit de transit sur le pipeline Tchad-Cameroun.
Clément Noumsi
Répartition des recettes hors-budget réalisées
Le droit de transit sur le pipeline Tchad-Cameroun : 40,2 milliards
Les Centimes Additionnels Communaux : 80,2 milliards
Les contributions communautaires (Cemac, Ceeac et Union Africaine) : 26,8 milliards
La redevance informatique : 7,9 milliards
La taxe d’inspection sanitaire et vétérinaire : 5,1 milliards
Les honoraires agréés en douane : 39,3 milliards
Les prélèvements sur les exportations de café et de cacao :13,7 milliards
La contribution scanning : 7,9 milliards
Les frais e-Force : 2,4 milliards
Les frais de manutention : 327 millions
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