Cameroun : La CNPS en discussions pour investir 23,6 milliards FCFA dans le projet de bauxite de Minim-Martap
- wilfriedfrancky
- 28 sept.
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Un partenariat stratégique entre fonds publics et secteur minier

La Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) du Cameroun envisage d’investir près de 36 millions de dollars américains, soit environ 23,6 milliards de FCFA, dans le projet de bauxite de Minim-Martap, porté par la société australienne Canyon Resources Limited. Selon des sources consultées par Investir au Cameroun, les discussions sont à un stade avancé et pourraient aboutir à une prise de participation soit dans la filiale locale Camalco Cameroun S.A., soit dans la maison-mère cotée à la bourse australienne (ASX).
Cette opération, encore conditionnée par plusieurs autorisations réglementaires, devrait être bouclée avant fin 2025 afin de ne pas retarder le calendrier de mise en œuvre du projet minier. Pour la CNPS, il s’agit d’un test de maturité dans la gestion de partenariats public-privé d’envergure et d’une démonstration de sa capacité à naviguer dans un secteur stratégique et complexe.
Mobilisation des capitaux locaux
Canyon Resources multiplie les initiatives pour impliquer les acteurs financiers camerounais dans le financement du gisement. Déjà, AFG Bank Cameroun a accordé un prêt de 140 millions de dollars américains, destiné au développement des infrastructures minières.
De son côté, Afriland Bourse & Investissement, filiale du groupe Afriland First Bank, a souscrit à une levée de fonds de 70 millions de dollars australiens (environ 25,8 milliards de FCFA). Si elle obtient les autorisations de la BEAC, de la COSUMAF et du gouvernement, cette opération permettra à Afriland de détenir environ 10,1 % du capital de Canyon Resources, aux côtés d’Eagle Eye Assets, actionnaire majoritaire avec 56,5 %.
Si la CNPS confirme son investissement, elle rejoindra ainsi cette dynamique de financement local, renforçant l’ancrage camerounais dans un projet à fort potentiel économique.
Enjeux pour la CNPS : participation locale ou exposition internationale ?
Deux options s’offrent à la CNPS. Un investissement direct dans Camalco Cameroun lui permettrait de bénéficier d’une exposition claire et immédiate aux retombées minières locales. En revanche, une prise de participation dans Canyon Resources placerait la CNPS au cœur des augmentations de capital internationales, avec un risque de dilution face à des investisseurs disposant de moyens financiers plus importants.
Le choix final sera déterminant pour la stratégie d’investissement de la CNPS et pour son rôle dans le développement industriel du Cameroun.
Minim-Martap : un gisement de classe mondiale
Les atouts du projet sont considérables. L’étude de faisabilité définitive publiée en septembre 2025 valorise le gisement à 835 millions de dollars américains, avec une rentabilité avant impôts estimée à 29 % et des flux de trésorerie annuels projetés à 174 millions de dollars.
La qualité du minerai est un avantage clé : les réserves prouvées affichent 51 % d’alumine et seulement 2 % de silice, permettant de vendre la bauxite avec une prime de 10 à 15 dollars par tonne au-dessus du prix de référence mondial.
À cela s’ajoute un contexte favorable : la demande mondiale de bauxite croît de 3,5 % par an, stimulée par l’essor de l’aluminium dans les véhicules électriques et les énergies renouvelables. Les infrastructures existantes, notamment le chemin de fer reliant Minim-Martap au port de Douala, renforcent la viabilité du projet.
Un calendrier ambitieux mais des incertitudes
La société Canyon Resources prévoit des étapes clés dès 2026 :
janvier 2026 : arrivée des premières locomotives et wagons pour le transport du minerai ;
janvier 2026 : démarrage de la production initiale ;
1er semestre 2026 : lancement des premières exportations ;
en parallèle : études sur la faisabilité de la transformation locale de l’alumine.
Cependant, la société rappelle que ces prévisions reposent sur des hypothèses susceptibles d’être affectées par des risques environnementaux, des contraintes d’infrastructure ou des teneurs en minerai inférieures aux estimations.










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