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Cameroun : tableau noir des droits humains

Dans son rapport 2024, le parti MRC revient sur les cas de ses militants emprisonnés depuis plusieurs années et relève l’insécurité généralisée dans le pays.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), parti politique d’opposition au Cameroun, vient de publier la5ème édition de son rapport sur les droits humains dans le pays. Le document, couvrant l’année 2024, dresse un constat alarmant de la situation, marquée par des arrestations politiques, des violences dans les régions anglophones, les exactions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, et une insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire.

Au cœur de ce rapport de 25 pages, figure la question des prisonniers politiques issus du MRC, principalement arrêtés à la suite des marches pacifiques du 22 septembre 2020. En date du 31 décembre 2024, 41 militants étaient encore incarcérés, principalement dans les prisons centrales de Kondengui (Yaoundé) et New-Bell (Douala), condamnés pour des peines allant de 5 à 7 ans de prison ferme.


Parmi les figures connues figurent Olivier Bibou Nissack, le porte-parole du président du MRC Maurice Kamto, et Alain Fogue, le trésorier national du parti, condamnés à 7 ans de réclusion. Le rapport mentionne également le cas d’IDI Mahamat, arrêté dans l’Extrême-Nord après la participation pacifique du MRC au défilé du 20 mai 2024 à Makary. Selon le rapport, il aurait été victime de représailles orchestrées par l’élite locale du RDPC, le parti au pouvoir.


Nord-Ouest, Sud-Ouest, Boko Haram : les guerresoubliées

La crise anglophone, débutée en 2016, continue de produire son lot quotidien de violences. Le rapport fait état de multiples attaques, enlèvements, assassinats et attentats à la bombe dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le 6 février 2024, le sous-préfet Nicholas Nkongho Manchang et plusieurs membres de son équipe ont été enlevés par des séparatistes à Ntumbaw. Certains ont été exécutés. Le 10 mai, une vidéo devenue virale montrait les cadavres de six gendarmes abattus à Eyumodjock, leur véhicule et leurs corps brûlés par les assaillants. Le 22 mai, le corps du Dr Aku Joseph Gwe, vétérinaire, enlevé la veille, était retrouvé sans vie à Nkemnkem.


Les civils ne sont pas épargnés : bombes dans les bars, assassinats de chefs traditionnels et enlèvements d’enseignants ponctuent le quotidien des populations. Le 19 septembre, une explosion au marché de Nkwain à Bamenda a tué une femme et blessé plusieurs personnes.

Si les projecteurs médiatiques se détournent souvent de l’Extrême-Nord, la menace de Boko Haram reste constante. Le 21 janvier 2024, deux attaques coordonnées à Ldoubam et Mavoumaï ont fait cinq morts et une blessée. Le 25 février, cinq militaires ont péri après l’explosion d’une mine artisanale entre Tifou 2 et Hidoua.


Le 24 juin, une incursion meurtrière à Tourou s’est soldée par trois morts, deux blessés, deux enfants enlevés et plusieurs habitations détruites. Selon le rapport, l’armée a réussi à neutraliser quatre terroristes, mais l’insécurité demeure endémique dans la région frontalière avec le Nigéria.


Violations en série dans le reste du pays

La quatrième partie du rapport recense une série de violences étatiques, sociales et individuelles ailleurs au Cameroun. Le 1er janvier, trois enfants échappent de justesse à un kidnapping à Olembe, tandis que le 7 janvier, un homme, Cyprien Mbassi, est torturé à mort pour une dette de 20 500 FCFA.

Des cas de féminicides sont aussi relevés, comme celui de Sylviane Owona Ngah, battue à mort à Yaoundé par son compagnon. Le 16 octobre, une gardienne de la paix en poste à Batouri est tuée par son fiancé, gendarme.

Les atteintes à la liberté de la presse sont également documentées. Le journaliste Patrick Thierry Ondoua, directeur du Point Hebdo, a été arrêté après avoir enquêté sur la gestion des fonds du ministère de l’Habitat. Le chanteur Longue Longue aurait quant à lui été torturé après avoir reconnu Maurice Kamto comme vainqueur de l’élection présidentielle de 2018.


En conclusion, le MRC affirme que la situation des droits humains au Cameroun ne pourra durablement s’améliorer sans une véritable alternance politique, fondée sur des principes démocratiques et la primauté du droit. Le rapport s’achève sur un appel à la conformité du pays aux instruments juridiques internationaux en matière de droits de l’homme.


Guy Etom

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