Recrutement du personnel de santé: Une annonce sous fond de campagne électorale
- Olivier Mbessité
- 11 janv.
- 3 min de lecture

Le 6 janvier dernier, l’on a assisté à une marche de soutien au Chef de l’Etat Paul Biya pour l’enrôlement de 9944 personnels de santé, un chiffre qui reste en deçà de la demande pour les hôpitaux du Cameroun.
Dans son allocution du 31 décembre 2024 à la nation, le président de la République du Cameroun Paul Biya annonçait le recrutement de 9 944 personnels de santé, sur une période de cinq ans. Une information qui, à l’orée de l’élection présidentielle de 2025 suscite euphorie et allégresse chez les acteurs. Ils ont à cet effet adressé le 6 janvier dernier au cours d’une marche, leur motion de soutien au président de la République. « Plus de 1 000 personnels de santé et étudiants se sont mobilisés au ministère de la Santé publique pour remettre au ministre de la tutelle leur motion de soutien à l’endroit du Chef de l’Etat ». sur les pancartes brandis ce jour,l’on pouvait lire des messages : « Merci au président de la république pour le recrutement de 9 944 personnels de santé ».
Selon le président du syndicat national des personnels médicaux sanitaires (SYNPEMS) Balla Balla, a tenu exprimé la voix de ses collègues : « Nous remercions vivement le président de la République pour cette initiative qui vient renforcer nos capacités à mieux servir les populations ». Au regard de la théâtralisation du discours du Chef de l’Etat sur le terrain, l’on peut croire que le secteur de la santé se porte bien. Ou bien qu’il s’agisse de la magnanimité du président de la République, or il n’en est rien, il s’agit bel et bien des mesures cosmétiques.
Droit de réserve
Lors de la descente du reporter du journal Afrique en Eveil sur le terrain, il constate que les responsables des formations hospitalières peinent de à s’exprimer sur le sujet. Crainte ? Injonction reçue ? Loi de l’omerta ? Telles sont les questions qui trituraient son esprit. De façon succincte pour répondre à la préoccupation du journaliste, le directeur de l’hôpital central de Yaoundé fait savoir « que tout a été dit lors de la marche de la semaine dernière et que les motions de soutien ont été adressées à qui de droit ».
Le Pr Pierre Joseph Fouda poursuit :« Aucune autre voix de sa formation hospitalière ne doit s’exprimer sur tout autre sujet concernant le recrutement spécial lancé par le président de la République, le sujet est clos ». A l’hôpital de district d’Efoulan (Yaoundé 3), c’est la même observation. Un cadre de l’hôpital apprécie le geste du Chef de l’Etat qui vient résoudre partiellement le problème des effectifs dans les formations hospitalières. En revanche, il fait savoir que c’est insuffisant, pour satisfaire la demande dans les hôpitaux il faut un recrutement de soixante-dix mille personnels de santé. « Certainement pour des raisons de ressources financières, l’Etat ne peut pas lancer ce vaste recrutement », explique-t-il laconiquement. En marge de l’euphorie sincère ou hypocrite du corps médical, l’on se pose des questions de savoir qui est concerné par ce recrutement ? Quels sont les critères de sélectivité ? Une annonce peut-t-elle améliorer les conditions de vie ou le quotidien du corps médical qui végète, tire le diable par la queue ?
OTS/Santé
L’annonce du Chef de l’Etat intervient dans un secteur malade, un grand malade, d’ailleurs plusieurs grèves et manifestations ont été enregistrées en 2024. Le 30 septembre 2024, le mot d’ordre de grève générale avait été lancé par l’Organisation syndicale des travailleurs de la santé (OTS/Santé).
Parmi les griefs soulevés par le mot d’ordre le président national énumère : l’exploitation de plus de 27 000 temporaires sans salaires, ni protection sociale, le non-paiement des avancements et autres avantages liés au salaire du personnel (malgré les salaires de misère, moins de 50 000 frs pour certains infirmiers et 100 000 Frs pour les médecins, les affectations disciplinaires avec incitation à la démission de la part de certains responsables du ministère de la Sante Publique. Le non reversement des personnels de santé relevant du code de travail à la fonction publique. La liste est non loin d’être exhaustive.
Olivier Mbessité










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