Pré-campagne présidentielle: Visions et projets politiques inondent les médias
- Olivier Mbessité
- 13 mai
- 3 min de lecture

A l’approche du rendez-vous, la bataille a commencé sur les plateformes traditionnels et le numérique. Objectif : séduire l’électorat.
Le digital est devenu l’espace public virtuel d’expression des leaders politiques. Les candidats déclarés à l’élection présidentielle d’octobre prochain au Cameroun se ruent sur les différentes plateformes numériques : Facebook, X (ancien Twitter), Instagram, Youtube, etc. C’est une véritable pré-campagne qui vise à séduire l’électorat. Les réseaux sociaux sont des canaux de communication de proximité et aussi le terreau fertile de l’expression libre. Chaque citoyen, avec son Smartphone partout où il se trouve, est informé sur les déclinaisons des projets de société et de la vision des acteurs politiques.
Sur ses comptes Facebook et X, Paul Biya, président de la République, et candidat du Rdpc, rassure les Camerounais sur sa disponibilité de poursuivre le grand destin du Cameroun. « Je puis continuer qu’un grand destin attend le Cameroun : ce grand destin, nous le concrétisons de manière permanente, en dépit des obstacles et des difficultés. Nous savons où nous allons et comment nous y allons », écrit-il, avant de renchérir : « la politique que je mène et que j’entends continuer à mener est fondée sur la considération du pluralisme ethnique comme une chance de construire et de consolider une société de compromis de tolérance et de modération, à partir du développement d’une ethnique de l’acceptation mutuelle. »
Pour ce qui est des médias classiques, Paul Biya est reconnu par son silence. Mais les membres du Comité central du parti portent ses idéaux à travers diverses sorties, notamment la Crtv, l’office publique de radio et de télévision, l’Action, le journal du Rdpc et Cameroon Tribune, le quotidien à capitaux publics.
Les candidats de l’opposition s’inscrivent dans cette mouvance et tendance communicationnelle. Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) est sur ses comptes Facebook, X et Youtube où il exprime sa pensée sur la critique le Pouvoir en place en ces termes : « Sous la dictature, l’invocation de la loi par un citoyen conscient vise avant tout à montrer l’impossibilité du règne de la loi, et, ce faisant à enlever à la dictature ce bouclier commode derrière lequel il se réfugie sans pour autant y croire. Il faut retirer à la dictature ce cache-sexe de la loi. (…). La démonstration de l’inutilité de la loi et de l’absence de l’Etat de droit devient moteur d’une démarche de rupture et de déchaînement des citoyens ainsi que de renaissance de la République ».

Me Akere Muna, ancien bâtonnier et porte- étendard du parti Univers, en plus des réseaux sociaux, se déploie autrement. Le 9 avril dernier il participait au Café politique, une plateforme d’échange du Club des journalistes du Cameroun (Club Po). Il a présenté son programme pour le Cameroun : « Ma candidature est une candidature simple et qui veut utiliser les connaissances que j’ai amassées pendant plus de 40 ans pour mettre au service de notre pays. Je l’ai fait ailleurs dans le cadre de l’Union Africaine où j’étais appelé à évaluer la démocratie, la société-culturelle, l’économie, les entreprises. J’ai été évalué au moins dans quatre pays de l’Union Africaine ». Dans la même veine, le jeune loup Cabral Libii, candidat déclaré du Pcrn, est sur les plateaux télévisés de Canal 2 International et Horizon 3 où il décortique tous les sujets d’actualité, en y apportant des réponses adossées à son programme politique.
Effets
Il faut rappeler que tous les partis politiques sont en pleine pré-campagne électorale sur les plateformes numériques. Bien que sur le terrain, les meetings de l’opposition sont interdits par les autorités compétentes, au motif de « trouble à l’ordre public ». Dans un contexte hostile à l’expression des libertés, les réseaux sociaux s’apparentent à ce « nouvel espace de mobilisation dans des contextes post-autoritaires », pour reprendre le Pr Simon Ngono, maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication (SIC) à l’Université de la Réunion. Selon ses analyses dans un article intitulé « Les réseaux sociaux dans la campagne politique. Analyse critique des usages de Twitter par les candidats « androïdes » lors de la présidentielle de 2018 au Cameroun », il laisse entendre que l’usage des Tic, particulièrement Twitter devenu X, a pour ambition de « pallier au déplacement de terrain et de la rencontre des populations que les candidats doivent normalement effectuer et faire. » Le chercheur regrette que l’élargissement de l’espace de la campagne politique électorale favorisé par les réseaux socionumériques ne conduit guère à une diversité de l’offre des pratiques politiques. Il conclut d’ailleurs que X est au service des choses très classiques comme le culte de la personnalité, la propagande qu’on observe au niveau de l’espace politique traditionnel.
Olivier Mbessité










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