France-Cameroun : lumière sur un pan d’histoire sanglante de la décolonisation
- Olivier Mbessité
- 31 janv.
- 2 min de lecture
Le 28 janvier dernier au Palais de l’Unité, le président Paul Biya a reçu le rapport de la « Commission mixte sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun entre 1945-1971 ».

La remise du rapport de la Commission mémoire France-Cameroun au président de la République du Cameroun Paul Biya s’est tenue le 28 Janvier 2025 au Palais de l’Unité de Yaoundé. Ce même rapport a été remis au président français Emmanuel Macron le 21 janvier dernier. En effet le rapport de la « Commission mixte sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun entre 1945-1971 », repose sur 1000 pages, il restitue le travail de mémoire fait par 14 historiens français et camerounais, dirigé par Karine Ramondy pour le volet recherche, et l’artiste camerounais Blick Bassy pour le volet patrimonial.
L’un des enjeux pour l’ensemble des chercheurs a été de briser un tabou vieux de plusieurs années. « Vous avez accompli un travail de recherche très remarquable et de conciliation mémorielle d’une grande portée symbolique pour restituer l’authenticité des faits et des récits afin de faire émerger la vérité », a félicité Paul Biya au cours de la cérémonie officielle de restitution du rapport. Le document scientifique fournit une « analyse historique et historiographique du rôle de la France au Cameroun », explique Karine Ramondy.
L’objectif est de « briser un tabou vieux de plusieurs dizaines d’années pour que la relation entre la France et le Cameroun puisse connaître de nouveaux développements », a expliqué le président Paul Biya évoquant une « décision commune », prise entre les deux pays. Dans un entretien accordé à Radio France International, Karine Ramondy souligne qu’il s’agit d’une «guerre totale menée par la France au Cameroun ».Une guerre que l’historienne qualifie de « décolonisation ».
L’historienne française justifie l’usage de l’expression « guerre totale », par un ensemble de faits qui ont été établis et qui se sont déroulés avant et après l’indépendance de 1960. Elle parle de « guerre totale » parce qu’elle part du constat qu’il y a eu des violences répressives, qui ont été exercées par les autorités coloniales et l’armée française avant et après 1960. Et que ces violences se sont peu à peu inscrites dans ce qu’on appelle la doctrine révolutionnaire qui se pratique par un certain nombre de violences physiques psychologiques, et des violences collectives, des déplacements forcés des populations ; à cela s’ajoutent les répressions politiques, diplomatiques, les répressions policières et judiciaires. « Je crois qu’on peut utiliser le terme de guerre totale », a-t-elle précisé.
Rappel
Après avoir initié des travaux d’historiens sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, puis le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda, le président français Emmanuel Macron lors de sa visite en 2022 au Cameroun avait mis sur pied une commission conjointe chargée de faire la lumière sur l’action de la France au Cameroun pendant la colonisation et après les indépendances. « Il convient d’établir actuellement les responsabilités », avait précisé Emmanuel Macron, tout en estimant qu’il s’agissait d’un « sujet refoulé » en France et au Cameroun, au regard de la complexité, et des accusations fondées des différents acteurs avant les indépendances, et après l’indépendance sous l’ère du président Ahmadou Ahidjo.
Olivier Mbessité










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