Fermeture du REDHAC, intimidation de Maximilienne Ngombe et de Me Alice Nkom: EXPRESSION D’UNE VOLONTE DE FRAUDER A HUIS CLOS ?
- Maurice Tientcheu
- 20 déc. 2024
- 3 min de lecture

Après ce « checking », le Ministre a fort opportunément trouvé les coupables à savoir quatre ONG, qui ne respecteraient pas les normes contre le blanchiment d’argent, et qui, d’après le MINAT, financeraient des activités illicites, y compris le terrorisme. Une des ONG est particulièrement visée. Il s’agit du Réseau d’Organisations de Défense des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDHAC). Celle-ci, après avoir écopé de 3 mois de suspension, a aussitôt vu les agents du Ministère de l’Administration Territoriale entrés en action pour apposer des scellés sur ses bureaux de Douala. Ceux-ci sont dès lors hors d’atteinte pour les employés, nombreux, qui accourent désespérément afin d’observer ce spectacle affligeant.
Entre temps, Me Alice Nkom, Présidente du Conseil d’Administration du REDHAC, ne veut pas se laisser compter. Elle entre également en action et brise les scellés. Les employés rentrent dans les bureaux et vaquent normalement à leurs occupations. La leçon de la bergère au berger est entendue. Reste que Atanga Ndi, ne se laisse pas conter. Rebelotte, il instruit au Préfet du Wouri, de recommencer la manœuvre, cette fois avec plus de fermeté.
De nouveaux scellés sont apposés, dans une forme plus grossière. Outre les scellés, des cadenas et autres chaines sont ajustés, afin de mieux renforcer le dispositif. Mieux, des forces de l’ordre campent désormais sur le site et interdisent toute approche vers ce lieu érigé en véritable sanctuaire sécurisé.
Cet esclandre marque la volonté des pouvoirs publics, de ne laisser nulle place où la main ne passe et repasse, lors de la préparation des élections présidentielles de 2025. Au vu des manœuvres en cours, on peut d’ores et déjà affirmer qu’une fois de plus, il ne s’agira pas d’une partie de plaisir pour l’opposition. Par ce coup de semonce, Atanga Ndi montre s’il en était encore besoin, que la stratégie du pire sera au rendez-vous. Ces intrusions à répétition, dans le fonctionnement interne des organisations de la société civile, prouvent que le MINAT souhaite mettre « hors d’état de nuire », les scrutateurs trop regardants, les témoins gênants, les objecteurs de conscience, et les allumeurs de torches, dans la nuit noire de l’oppression.
Il met en place un décor lugubre, qui préfigure d’une ligne d’horizon, obscurcie part les atours abâtardis de la fraude et les contours peu reluisantes de la contrainte, toujours perçue par le régime en place comme Elixir pour une cure de jouvence renouvelée, à l’aune des tristes heures que vivent le modèle soi-disant démocratique camerounais. Il s’agit pour Atanga Ndi, d’une méthode de gestion de la cité, au travers d’une reprise en main, du gouvernail issus d’un régime de sécurocraties. Ces derniers ne souhaitent guère mettre en sourdine les pratiques peu orthodoxes de privations de liberté, d’arrestations arbitraires, de répressions, de contraintes, d’humiliations et de diverses vexations.
Le REDHAC, avec sa Coordonnatrice Maximilienne Ngombe et sa Présidente du Conseil d’Administration Me Alice Nkom, constituaient jusqu’ici, un important maillon dans la survivance des dénonciations des pratiques peu démocratiques du régime en place. Il avait su amplifier en son temps, les fraudes dénoncées par l’opposition au cours des élections présidentielles de 2018. Cette caisse de résonnance, jugée néfaste par le régime en place, est de nature à freiner leurs élans aux entournures des mesures peu orthodoxes que le régime s’apprête surement à refaçonner à l’aune des élections de l’année 2025. L’assaut contre le REDHAC peut dès lors se lire comme des précautions anticipatoires du pouvoir en place pour user et abuser des manœuvres de fraudes lors de prochaines échéances électorales. Des fraudes sans témoins gênant, des falsifications et des artifices sans indexeurs, et donc sans contrepoids de taille, bref de sévir à huis clos.
L’on risque dès lors, d’assister à des élections, où la transparence sera bafouée, une réelle expressivité du vote, réduite à sa portion congrue, du fait de la mise sous mode silencieux, des voix dissonantes.
C’est bien la raison pour laquelle Maximilienne Ngombe et Me Alice Nkom sont ciblées, elles qui, lors des élections de 2018, avaient porté haut et fort, le son de cloche d’une société civile dénonciatrice des intimidations à outrance, des vices, sévices, et voies de fait sur les citoyens ordinaires, sympathisants et autres militants de divers partis politiques de l’opposition.
TIENTCHEU KAMENI Maurice
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