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Cosmétiques au romarin

Décolonisation de l’Afrique: L’armée française poussée dans ses derniers retranchements

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Le Sénégal et le Tchad ont rompu les accords de défense militaires avec la France. Un nouveau revers pour l'ancienne puissance coloniale dans son precarré.


Les rapports entre la France et ses anciennes colonies se désagrègent de plus en plus. Après les pays d’Afrique de l’Ouest qui forment l'Alliance de l'Etat du Sahel ( AES) à savoir le Mali, le Burkina Faso, et le Niger , qui ont chassé les troupes militaires françaises de leurs territoires , le Sénégal et le Tchad sont entrés dans la danse. L’actualité brulante, et saillante depuis le 28 novembre dernier, est la décision de N'djamena (Tchad) et de Dakar (Sénégal) de rompre les accords de défense avec la France.

Pour ce qui est du premier la décision est prise après la visite diplomatique  entre le nouvel homme fort de N’Djamena Mahamat Idriss Deby et le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.  Dans un communiqué , « le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de   mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française ». « La France est un partenaire essentiel, mais elle  doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi,  a muri, et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », explique Abderaman Koulamallah, ministre des affaires étrangères tchadien dans un entretien accordé au journal Le Monde.

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Selon les analystes  Sidik Abba, Pr du Centre de reflexion et d’étude sur le Sahel (CIRES), et Antoine Glaser, journaliste, écrivain, et spécialiste de l’Afrique  sur TV5 Monde decryptent et analysent les mobiles du rejet de la France en Afrique.«  La rupture des accords de défense entre le Tchad et la France était inattendue.

C'’est un coup de semonce. Elle coïncide avec la date 28 novembre 1958 qui marque la création de la République du Tchad ». « Je pense qu’il y a eu accélération, avec les déclarations du président de la République du Sénégal  Bassirou Diomaye Faye sur la souveraineté, le troisième point est que les présidents africains ont le monde entier dans leurs salles d’attente », explique Sidik Abba.  Dans la même veine, Antoine Glaser renchérit que les Etats africains ont plusieurs offres ,ce qui peut les amener à se défaire de l’ancien partenaire colonial.


En revanche les autorités du Tchad ont compris. Tout récemment il y a eu les attaques le 28 octobre dernier  de la secte islamiste Boko Haram , dans le bassin du Lac Tchad , et l’armée tchadienne  a perdu plus d’une quarantaine de ses soldats. Le président du Tchad a lancé l’opération Haskanite. Pendant cette opération , il n’ y a pas eu de contribution de l’armée française. Cette indifférence a laissé  le sentiment «  qu’il n’y a pas de valeur ajoutée de la présence française en terre tchadienne.

 Plus loin, Il y a aussi le contexte électoral à venir qui laisse présager que le Tchad est souverain , il est capable d’assurer l’intérêt de l’Etat du Tchad, pour avoir un écho particulièrement auprès de la jeunesse », laisse entendre Antoine Glaser. Il faut souligner que le Tchad était le dernier allié sahélien, lorsque l’armée française a été évincée du Niger, elle s’est repliée au Tchad parce qu’elle espérait ainsi que sa présence dans ce pays  sera « durable ». Dommage, que les troupes militaires sont appelés à libérer le territoire tchadien pour la souveraineté de l'État.


 

Dans le nouveau contexte géopolitique, le Tchad diverisifie ses partenaires. Sur le plan militaire le président du Tchad noue des collaborations avec les sociétés privées américaines pour former ses soldats, il y a la Turcs de plus en plus présents,  il y a les troupes russes dans le Sud du Tchad, les Emiratis également qui donnent un coup de pouce à l’Etat tchadien. « L’on voit en fait que la France est à la fin d’une période historique, elle vivait dans l’anachronisme historique, ce n’était pas normal que jusqu’ici qu'elle soit la seule  et l’ancienne puissance coloniale  à avoir des bases militaires en Afrique.Les présidents africains s’inscrivent dans une période historique nouvelle », lance Antoine Glaser, journaliste, écrivain, et spécialiste de l’Afrique.


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Dans un entretien accordé dans le quotidien Le Monde, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye répondait de la présence de l’armée française en ces termes : « est-ce que vous envisagez en tant que français  de nous  voir dans votre pays avec des chars ou les véhicules militaires, les militaires sénégalais avec les tenues sénégalaises, comme ça parce que sur le plan historique, la France a esclavagisé,  a colonisé et veut rester ?

Evidemment je pense que lorsque vous inversez un peu les rôles vous conceviez très mal qu’une autre armée la Russie, la Chine, le Sénégal, n’importe quel autre pays puisse avoir une base militaire en France. Il n’y aura plus bientôt de soldats français au Sénégal. Il n’y a pas encore de délais de rigueur par rapport à ça, et si ça doit être fait cela sera dit aux autorités françaises qui auront la primeur selon le calendrier établi ». A lire ces propos, Bassirou Diomaye Faye le president de la République du Sénégal  est clair et sans équivoque.  


Selon nos analystes évoqués supra le calendrier du retrait des troupes sera discuté. Bassirou  Diomaye Faye est resté cohérentdans son discours de la campagne présidentielle « ce pouvoir a été élu sur un contrat de souverainisme avec une grande partie de la population, déjà avant les élections, le tandem Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko avaient annoncé cette volonté de revoir la présence militaire, qu’elle considère comme un vestige de la colonisation, et ils sont allés plus loin en parlant du FCFA puisqu’ils sont dans cette dynamique  souverainiste ».

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C’est ce choix qui a contribué au succès du  Patriotes africains du Sénégal pour le travail l’éthique  et la fraternité (Pastef) lors de la présidentielle de mars 2024 et lors des législatives du 17  novembre dernier. Tout en évoquant le passé lourd entre la France et l’Afrique, le president a relevé le rapport sanglant des français dans le massacre de Thiaroye, survenu en 1944 et longtemps passé sous silence 80 ans aujourd’hui et les relations qu’il entend tisser avec la France dont l’influence est de plus en plus remise en question en Afrique francophone.

Ces faits démontrent à suffire de la nécessité de  du Sénégal de changer de paradigme dans ses rapports avec la France, dans un contexte multipolaire où les autres puissances tissent des coopérations gagnant-gagnant, et non d'enfermement des Etats africains  dans un paternalisme et de servitude des anciens colonisés. Pour l’instant les troupes françaises restent confinées au Gabon,Côte-d’Ivoire, et une base militaire à Djibouti pour poursuivre leurs opérations militaires en Afrique francophone.  


Olivier Mbessité    

       

 

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