CAMEROUN – Mora en ébullition : Le SDF défie l’interdiction préfectorale et prend la rue

Un meeting interdit, une riposte immédiate

À l’approche des élections de 2025, le climat politique au Cameroun devient de plus en plus tendu. À Mora, le meeting que devait tenir le Social Democratic Front (SDF) au stade municipal a été interdit à la dernière minute par le sous-préfet. Mais plutôt que de céder à la frustration, le parti a répondu par une démonstration de force inattendue : une marche pacifique dans les rues de la ville.

La rue, nouvel espace de légitimité politique

Privé de son espace de rassemblement, le SDF a opté pour la rue comme nouvelle scène politique. "Nous avons enflammé la rue. C’est légal !" a déclaré un cadre du parti. Ce choix symbolise une mutation stratégique : contourner les obstacles institutionnels pour aller à la rencontre du peuple, et inscrire sa lutte dans la légalité républicaine.

Une maturité politique affirmée

Pour Kakdeu Louis-Marie, porte-voix du SDF, le parti a atteint sa pleine maturité : "À 35 ans, l’enfant a grandi." Une déclaration lourde de sens, qui fait écho aux grandes luttes politiques du continent. Le parallèle avec l’ANC sud-africaine n’est pas anodin : persévérer malgré l’adversité, tirer des leçons des défaites, et continuer à croire au changement.

Une légalité qui dérange le pouvoir

L’occupation pacifique de l’espace public, bien que légale, expose les limites d’un système qui instrumentalise l’administration pour étouffer la contestation. Ce bras de fer entre légitimité populaire et autorité administrative met en lumière le fossé croissant entre les institutions et une jeunesse qui réclame sa place dans le débat national.

Un avertissement porté par l’histoire

L’histoire politique de l’Afrique regorge d’exemples où la rue a précédé les urnes. Comme en Afrique du Sud, où la résistance prolongée a fini par faire tomber l’apartheid, le Cameroun pourrait être à l’aube d’une transition. À l’horizon 2025, l’enjeu dépasse une simple élection : il s’agit d’un test de résilience démocratique face à un pouvoir à bout de souffle.