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Cosmétiques au romarin

Scandale : Saint Désir Atango ou l’horreur de l’inceste

Accusé d’entretenir des relations sexuelles avec ses propres filles, l’artiste camerounais, figure déchue du Bikutsi, justifie ses actes par une prétendue religion africaine dont il serait le gourou.

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C’est une affaire qui glace le sang. Derrière le nom jadis respecté de Saint Désir Atango, chanteur populaire du Bikutsi, se cache aujourd’hui une figure controversée, accusée d’inceste avec ses propres filles. Depuis son interpellation à Yaoundé par la légion de gendarmerie du Centre, les révélations s’enchaînent et l’indignation ne faiblit pas. Le choc est d’autant plus grand que l’une des filles du chanteur a non seulement reconnu être la mère de l’un de ses enfants, mais a aussi pris publiquement sa défense. Selon une déclaration devenue virale sur les réseaux sociaux, la jeune femme aurait affirmé aux enquêteurs : « Mon père m’a fait un très beau bébé et je ne sais pas pourquoi on le détient encore à la légion de gendarmerie du Centre. »


Plus grave encore, elle aurait ajouté que ni elle ni sa sœur n’ont été contraintes dans cette relation incestueuse : « Mon père ne nous a jamais séquestrées. Ma sœur et moi étions consentantes. Selon notre religion, mon père est mon premier mari. » Ces propos glaçants révèlent un engrenage dans lequel se mêlent emprise psychologique, dérive spirituelle et effondrement des repères familiaux. Depuis quelques annéesen effet, Atangana Atangana Désiré, de son vrai nom, ne se présente plus comme simple artiste. Il affirme être une figure messianique, le « Christ noir », prophète d’une spiritualité africaine obscure dont il serait le fondateur. Cette doctrine, aux contours flous, semble avoir servi de socle idéologique pour justifier l’injustifiable.


Dans l’opinion publique camerounaise, les réactions oscillent entre stupeur, colère et incompréhension. Sur les réseaux sociaux, les témoignages d’indignation se multiplient. Le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille a été interpellé par de nombreuses voix citoyennes, appelant à une réaction rapide et ferme des autorités. Sur le plan juridique, l’affaire pourrait constituer un précédent. Si la notion de consentement est évoquée par les protagonistes, la loi camerounaise reste claire : l’inceste est un crime, aggravé lorsqu’il implique un lien de filiation directe, même en présence d’un supposé accord.

Au-delà du scandale, cette affaire met en lumière les dangers des dérives sectaires et l’urgence d’une vigilance accrue sur les formes de manipulation religieuse qui prolifèrent en marge des cadres institutionnels. Le silence qui a longtemps entouré cette situation interroge également sur l’absence de protection effective pour les victimes d’inceste dans certaines sphères familiales ou communautaires. Tandis que l’enquête se poursuit, la société camerounaise est confrontée à un miroir dérangeant : celui d’un père qui, sous couvert de religion, a transgressé les lois fondamentales de l’humanité.


Alain Leuwat


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