Présidentielle 2025 au Cameroun : des ONG tirent la sonnette d’alarme face à la montée de l’insécurité
- wilfriedfrancky
- 9 oct.
- 2 min de lecture
Une inquiétante recrudescence des violences avant le scrutin

À quelques jours de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, plusieurs organisations internationales s’inquiètent d’une détérioration rapide de la situation sécuritaire au Cameroun, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.Selon un rapport publié le 3 octobre par le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (Fewsnet), soutenu par l’USAID, les violences contre les civils se sont intensifiées ces dernières semaines. Les groupes séparatistes ont imposé un confinement de six semaines pour boycotter le scrutin, paralysant la vie économique et sociale dans plusieurs localités.
Fewsnet souligne que cette montée de la violence a entraîné de nouveaux déplacements internes, bien que moins massifs que par le passé. Le pays compte déjà plus d’un million de déplacés internes, victimes du conflit armé qui perdure depuis 2017 dans ces zones. À l’échelle nationale, l’organisation note également une tension politique et ethnique persistante à l’approche du vote.
Un confinement qui aggrave la précarité et la faim

Le confinement imposé du 8 septembre au début du mois d’octobre a eu des effets dévastateurs sur les conditions de vie des populations. Fewsnet fait état d’une recrudescence des attaques contre les civils et d’une paralysie quasi totale de l’économie locale. La fermeture des marchés et commerces en semaine a réduit l’accès à la nourriture et désorganisé les circuits d’approvisionnement, forçant les ménages à se tourner vers les marchés du week-end, souvent bondés.
Cette situation a entraîné une hausse légère à modérée des prix alimentaires dans les centres urbains. Les opérations humanitaires ont, elles aussi, subi des retards de distribution et des restrictions d’accès dans certaines zones sensibles.
Dans les départements les plus reculés – Donga-Mantung, Momo, Bui, Lebialem et Menchum – de nombreux ménages, privés de récoltes et d’aide humanitaire, font face à de graves pénuries alimentaires. Fewsnet estime que ces communautés resteront dépendantes de l’assistance d’urgence internationale dans les prochains mois.
Des appels à l’apaisement de la communauté internationale
Face à cette escalade, plusieurs voix appellent à la désescalade avant le scrutin. Dès le mois d’août, International Crisis Group (ICG) exhortait le gouvernement camerounais à adopter des mesures d’apaisement pour garantir un vote dans la sécurité.L’organisation suggérait notamment la libération de prisonniers politiques anglophones et la levée des "villes mortes" imposées par les séparatistes.
« Le gouvernement et les groupes armés devraient rechercher une trêve humanitaire avant le vote », indiquait l’ONG, invitant les deux camps à protéger les civils et faciliter le travail des humanitaires.ICG propose que Yaoundé fasse un geste symbolique en libérant certains leaders anglophones, un signal fort qui pourrait contribuer à rétablir la confiance et calmer les tensions.
Une élection sous haute tension

À quelques jours du scrutin, le climat reste extrêmement fragile. Si les autorités promettent un vote « sécurisé et inclusif », les observateurs internationaux craignent une aggravation des violences et une baisse de la participation électorale dans les régions anglophones.Malgré les appels au dialogue, les positions demeurent polarisées : le gouvernement entend maintenir le calendrier électoral, tandis que les groupes séparatistes multiplient les menaces pour empêcher le déroulement du vote.
L’issue de cette présidentielle pourrait ainsi déterminer non seulement l’avenir politique du Cameroun, mais aussi la stabilité d’un pays encore meurtri par huit années de conflit.










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