La Côte d'Ivoire retient son souffle : un climat d'apathie succède aux tensions pré-électorales
- wilfriedfrancky
- 23 oct.
- 3 min de lecture
Abidjan, Côte d'Ivoire - À quelques jours du scrutin présidentiel crucial de ce samedi, l'atmosphère dans la capitale économique ivoirienne est marquée par une étrange apathie, contrastant fortement avec les violences et les arrestations massives survenues au début du mois d'octobre. Dans des quartiers comme Blockhauss, théâtre de récents affrontements, les habitants expriment leur lassitude et leur désir ardent de paix, tout en déplorant l'impact des troubles sur leur quotidien.

Blockhauss, témoin des tensions passées
Le quartier de Blockhauss, à Abidjan, symbolise l'ambiance tendue qui a précédé l'élection. Il y a quelques semaines, des centaines de manifestants y ont été arrêtés et plusieurs personnes blessées lors de marches non autorisées. Les autorités, ayant préalablement interdit les rassemblements politiques, ont qualifié ces manifestations d'illégales. L'intervention des forces de sécurité avait été musclée, incluant l'usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
Malgré le calme relatif observé à l'approche du vote, l'ombre des affrontements plane encore. Pierre Kouame, client d'un salon de coiffure du quartier, témoigne de la brutalité de la répression. Il raconte comment son voisinage a été directement affecté, les gaz lacrymogènes s'étant infiltrés dans plusieurs habitations et la police ayant enfoncé des portes à la recherche de manifestants.
Répression et trauma chez les civils
M. Kouame lui-même, bien qu'il n'ait pas participé aux manifestations, s'est retrouvé au cœur des violences. Il déplore la réaction disproportionnée des forces de sécurité : « Ils m'ont emmené, ils ont commencé à me frapper, ils m'ont mis dans leur voiture, ils ont dit que c'était nous qui jetions des pierres, que c'était nous qui faisions [des mauvaises choses]… Je n'ai rien fait », confie-t-il, soulignant son incompréhension et sa détresse face aux abus subis.
Son témoignage met en lumière la peur et l'amertume ressenties par les civils pris entre le marteau des manifestants et l'enclume des autorités. Il a regretté que la gestion des troubles par les forces de l'ordre n'ait pas été plus mesurée.
L'économie locale ralentie par le climat politique
Au-delà des blessures physiques et psychologiques, les tensions politiques ont eu des répercussions directes sur l'économie du quartier. Aristide N'zebo, le coiffeur de M. Kouame, constate une baisse de son activité : « Depuis quelque temps, compte tenu de la situation dans le pays, les choses n'ont pas beaucoup évolué. Tout est devenu un peu lent, et quand les choses ralentissent, tout redevient cher », explique-t-il.
Le coiffeur exprime l'espoir que le scrutin se déroule dans la sérénité et permette un retour rapide à la normale, essentielle pour la survie des petits commerces et des artisans locaux.
Le vœu unanime : le retour à la paix
L'attente des élections est dominée par un seul souhait, largement partagé par la population, indépendamment des enjeux politiques. Awa Diarra, vendeuse d'oranges dans le quartier, résume ce sentiment : « Nous voulons seulement la paix. C'est tout. Pour que chacun puisse vaquer à ses occupations. La paix. C'est tout ce que nous demandons. »
Ce désir de calme s'explique par la mémoire encore vive des violences post-électorales de 2010, qui avaient suivi le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite et qui avaient causé la mort d'environ 3 000 personnes. L'enjeu de l'élection de ce samedi dépasse donc le simple choix d'un président ; il s'agit, pour de nombreux Ivoiriens, de préserver la stabilité chèrement acquise.










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