CNPS rachète Chococam : un tournant historique pour la souveraineté économique du Cameroun
- wilfriedfrancky
- 11 sept.
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Une opération stratégique inédite
La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) a finalisé l’acquisition de 74,7 % du capital de Chococam, la Chocolaterie Confiserie Camerounaise. Cette transaction, menée sous l’impulsion de son Directeur Général Alain Noël Mekulu Mvondo Akame, dépasse largement le cadre d’un simple investissement financier.
Avec l’appui d’Afrotopia Capital, société d’investissement dirigée par le Camerounais Fabrice Ndjodo, l’opération a été structurée de façon à garantir les intérêts stratégiques du pays. Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’un acte de souveraineté économique destiné à protéger un fleuron industriel qui fait partie de l’identité nationale depuis les années 1960.
Sauver un patrimoine industriel et culturel
Fondée il y a plus de soixante ans, Chococam s’est imposée comme une marque iconique, connue pour ses barres chocolatées et confiseries populaires. Ces produits ont marqué des générations et sont devenus un véritable patrimoine gustatif camerounais.
La perspective d’un rachat par des capitaux étrangers inquiétait de nombreux acteurs. « Quand on voit nos fleurons partir sous pavillon étranger, on se dit qu’il faut agir », confie un cadre de la CNPS après de longues réunions de négociation.
En intégrant Chococam dans son portefeuille, la CNPS assure non seulement la préservation d’une marque emblématique, mais aussi la continuité d’un savoir-faire local fortement ancré dans l’histoire du pays.
Un impact social et économique majeur
L’importance de Chococam ne se limite pas à son image de marque. L’entreprise emploie directement plus de 400 personnes et soutient plusieurs milliers de familles via son réseau de fournisseurs et distributeurs. Chaque année, elle transforme environ 2 000 tonnes de cacao local, contribuant ainsi à la valorisation de cette ressource stratégique.
La CNPS, qui gère plus de 1 500 milliards de francs CFA de cotisations sociales, voit dans cette acquisition un moyen d’allier rentabilité et impact social. L’institution prévoit d’investir dans la modernisation des infrastructures et d’ouvrir de nouvelles perspectives à l’exportation régionale.
Pour les syndicats, l’opération est une garantie de stabilité et de sécurité de l’emploi. « C’est rassurant de voir nos cotisations servir à protéger nos emplois », a réagi un représentant de la CSTC.
Une vision pour l’avenir du Cameroun
Cette acquisition s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation économique et de montée en puissance des industries locales. Le Cameroun ambitionne de devenir émergent à l’horizon 2035, un objectif qui passe par le contrôle de ses entreprises stratégiques.
Le modèle s’inspire d’expériences internationales, comme celui de la Norvège, où les fonds publics sont utilisés pour investir dans l’économie réelle. Pour le Cameroun, l’exemple de la CNPS pourrait ouvrir la voie à d’autres institutions africaines en quête d’investissements patriotiques.
« C’est exactement ce type d’opération qui peut changer la donne pour l’Afrique », explique Fabrice Ndjodo. « Nos propres institutions doivent devenir les gardiennes de notre patrimoine industriel ».
Un précédent historique
L’acquisition de Chococam par la CNPS envoie un message clair : le Cameroun entend reprendre le contrôle de ses secteurs stratégiques. Elle constitue un précédent qui pourrait inspirer d’autres initiatives similaires sur le continent.
Au-delà des chiffres et des négociations financières, cette opération marque une victoire symbolique pour l’économie nationale. Elle prouve que les institutions locales peuvent jouer un rôle de premier plan dans la protection et le développement des entreprises camerounaises.
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