Cameroun : la friperie s’impose face à un textile local en déclin
- wilfriedfrancky
- 7 oct.
- 2 min de lecture
Un commerce en plein essor

Au Cameroun, l’habillement de seconde main poursuit sa progression fulgurante. D’après les chiffres récemment publiés par l’Institut national de la statistique (INS), le pays a importé en 2024 près de 72 600 tonnes de vêtements d’occasion, pour une valeur estimée à 39,8 milliards de FCFA. L’année précédente, ces importations s’élevaient à un peu plus de 61 000 tonnes pour 30,2 milliards. En un an, la hausse atteint 18,6 % en volume et 31,8 % en valeur.
Cette évolution illustre un choix de consommation largement dicté par les contraintes économiques. Pour une majorité de ménages, la friperie reste la solution la plus abordable. Elle alimente en parallèle un vaste circuit commercial, allant des grands importateurs aux revendeurs des marchés populaires, et constitue une source de revenus pour des milliers de familles.

Un secteur textile asphyxié
Cette montée en puissance se fait au détriment de la filière textile nationale. Les acteurs locaux ne détiennent plus qu’une part symbolique du marché, estimée autour de 5 %, face à la vague d’importations et aux produits de contrebande. Conséquences directes : fermetures d’ateliers, chute des capacités de production et disparition progressive d’emplois.

Les autorités camerounaises s’inquiètent de cette érosion industrielle et misent sur la Stratégie nationale de développement (SND30) pour inverser la tendance. Le plan prévoit de relancer la production cotonnière pour atteindre 600 000 tonnes par an et d’assurer la transformation locale de la moitié de cette production d’ici 2030.
Des ambitions pour relancer la filière
La feuille de route gouvernementale vise à bâtir une chaîne textile plus compétitive, capable de répondre aux besoins prioritaires du pays. Deux segments sont particulièrement ciblés :
la confection d’uniformes destinés aux forces de sécurité, à l’armée et à la fonction publique, en intégrant 60 % de coton local ;
la production d’équipements sportifs (maillots, survêtements, chaussures) pour couvrir au moins 50 % de la demande intérieure.
Si ces objectifs venaient à être atteints, ils permettraient de redonner souffle aux producteurs de coton, aux transformateurs et à l’ensemble de la filière.
Les défis à surmonter
La réussite de ce plan dépend toutefois de conditions lourdes : moderniser les outils agricoles et industriels, assurer un meilleur accès aux financements, développer une logistique efficace, et surtout lutter contre la fraude et les importations illicites qui plombent la compétitivité locale.

À défaut de réformes profondes et d’investissements ciblés, la friperie continuera de dominer le marché, laissant derrière elle une industrie textile nationale fragilisée et en perte de vitesse.










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